Relations toxiques et blessures d’enfance : l’impact sur l’amour… et sur notre image de Dieu
- Sabrina Lopez

- il y a 6 jours
- 7 min de lecture
Il y a des saisons de vie où l’on ne se sent plus aimé.
Ni par les autres. Parfois même, plus vraiment par Dieu.
Peut-être qu’en ce moment, vous vous sentez éloigné de Dieu. Vous ne ressentez plus Sa présence comme avant.
Vous doutez de Son amour, vous culpabilisez parce que vous avez pris de la distance dans votre vie de foi, ou parce que vous avez l’impression de ne pas être « à la hauteur ».

Peut-être aussi que vous croulez sous le poids des épreuves : la fatigue, les soucis, une rupture douloureuse, des conflits familiaux, une injustice, des blessures anciennes qui remontent.
Et, au fond de vous, une question silencieuse s’installe :
« Si Dieu m’aimait vraiment… pourquoi est-ce que je me sens comme ça ? »
Cette question n’est pas seulement spirituelle. Elle est aussi psychologique, enracinée dans votre histoire, vos blessures, vos expériences de l’amour humain.
Pour comprendre l’amour de Dieu qui ne se mérite pas, il est souvent nécessaire de revisiter la façon dont vous avez appris ce qu’est « aimer » et « être aimé ».
Quand l’amour blesse : les racines psychologiques
Avant même de parler de Dieu, il est important de regarder la façon dont votre cœur a été construit.
Certaines personnes ont grandi dans des familles où l’amour était conditionnel :
On était valorisé quand on réussissait.
Ignoré ou critiqué quand on échouait.
D’autres ont connu des parents maltraitants, violents, humiliants, rabaissants.
D’autres encore ont vécu dans une atmosphère de silence émotionnel, où l’on ne parlait pas des sentiments, où la tristesse, la peur et la colère n’avaient pas le droit d’exister.
Parfois, la blessure vient aussi de relations amicales ou amoureuses :
des amitiés toxiques où vous étiez utile, mais pas vraiment considéré·e ;
des relations sentimentales marquées par la manipulation, l’infidélité, le mépris, le contrôle ;
des ruptures où vous avez été quitté sans explication, ou remplacé rapidement.
À force d’être exposé à ce type de vécu, votre cœur apprend des choses sur l’amour :
que l’amour se mérite ;
qu’il faut se sacrifier pour être gardé ;
que si vous ne donnez pas assez, l’autre peut partir ;
que votre valeur dépend de ce que vous offrez.
Sur le plan psychologique, cela peut créer des schémas intérieurs :
la peur constante d’être abandonné·e ;
l’incapacité à dire non, à poser des limites ;
la tendance à vous effacer pour préserver la relation ;
la croyance que « c’est normal de souffrir pour être aimé ».
Vous voyez alors l’amour comme quelque chose d’instable, que vous devez sans cesse protéger, justifier, entretenir à vos dépens. Et quand une relation devient toxique, blessante, vous avez du mal à vous en détacher, parce que quelque chose en vous pense :
« C’est sûrement tout ce que je mérite. »
Comment ces blessures déforment votre image de Dieu
Ce que vous avez vécu avec les humains ne reste pas au niveau humain. Sans le vouloir, vous pouvez projeter ces expériences sur Dieu.
Si vous avez grandi avec un parent très exigeant, vous pouvez imaginer un Dieu qui n’est jamais satisfait.
Si vous avez connu l’abandon, vous pouvez craindre un Dieu qui vous lâchera à la moindre erreur.
Si vous avez vécu dans la peur, vous pouvez développer une foi basée sur l’angoisse :« Si je fais ça, Dieu va m’aimer…Si je rate, Il va se retirer… »
Alors, vous vous mettez parfois une pression énorme :
prier « assez » ;
lire la Bible « comme il faut » ;
ne pas trop douter ;
garder une image de « bonne chrétienne » ou de « bon chrétien ».
Au moindre écart, au moindre moment de fatigue spirituelle, au plus petit éloignement, une petite voix intérieure vous accuse :« Tu vois, tu t’es encore éloigné. »« Dieu doit être déçu de toi. »« À force, Il va se lasser. »
Ces pensées ne viennent pas de Dieu. Elles viennent de vos blessures, de ce que vous avez appris de l’amour sur terre. Elles mélangent culpabilité, peur, honte… et finissent par éteindre en vous la certitude que Dieu vous aime, même dans vos faiblesses.
L’amour de Dieu ne se mérite pas : un amour d’une autre nature
C’est là que la bonne nouvelle de l’Évangile vient briser ces schémas.
La Bible affirme que Dieu a pris l’initiative d’aimer. Il n’a pas attendu que vous soyez digne, prêt·e, transformé·e.
Un verset le dit ainsi :« Dieu prouve son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. » (Romains 5:8)
Autrement dit :Dieu ne vous aime pas après vos efforts. Il vous aime avant, pendant, malgré vos erreurs.
C’est cela, l’amour de Dieu qui ne se mérite pas : un amour qui ne dépend pas de votre capacité à être parfait, ni de votre performance spirituelle, ni de votre passé.
Cet amour-là :
n’est pas manipulable ;
ne se gagne pas ;
ne se perd pas comme l’affection humaine.
Dieu vous aime pour qui vous êtes, pas pour ce que vous faites.
Un autre passage résume cette fidélité :« Même si les montagnes s’éloignent et les collines chancellent, l’amour de Dieu pour vous ne s’éloigne pas. » (Ésaïe 54:10, résumé)
Là où l’amour humain a pu être instable, changeant, violent, l’amour de Dieu est constant, sûr, non-violent.
Là où certains vous ont aimé pour ce que vous leur apportiez, Dieu vous aime pour votre personne.
Quand on a été abîmé·e, recevoir l’amour de Dieu n’est pas si simple
Dire que l’amour de Dieu ne se mérite pas ne signifie pas que c’est facile à croire.
Psychologiquement, lorsque l’on a été exposé·e à :
des paroles destructrices ;
des violences ;
des rejets ;
des abandons ;
la pensée :« Dieu m’aime gratuitement »peut être difficile à intégrer.
Vous pouvez même ressentir une forme de résistance intérieure :« Oui, je sais que Dieu m’aime… en théorie. »« Mais pour moi, c’est différent. »« Je crois que Dieu aime les autres, mais j’ai du mal à croire qu’Il m’aime, moi. »
Ce décalage entre ce que vous savez avec la tête et ce que vous croyez dans le cœur est normal. Il correspond à un décalage entre la vérité spirituelle et vos blessures psychiques.
Il ne s’agit pas de forcer sa foi. Ni de se répéter des versets jusqu’à l’épuisement.
Il s’agit plutôt d’entrer dans un chemin de guérison où :
vous reconnaissez vos blessures sans les nier ;
vous acceptez de voir que certaines relations ont faussé votre vision de l’amour ;
vous laissez Dieu rééduquer votre cœur avec Sa manière d’aimer.
C’est un processus souvent lent, fait de prises de conscience, de larmes, de pardon, et surtout de vérité : vérité sur ce que vous avez vécu, vérité sur ce que vous avez cru, vérité sur ce que Dieu dit réellement de vous.
L’amour qui guérit : un regard nouveau sur vous-même
Spirituellement, l’amour de Dieu n’est pas seulement une idée réconfortante. C’est une force de reconstruction intérieure.
Quand vous commencez à croire que l’amour de Dieu ne se mérite pas, plusieurs choses peuvent se transformer :
Vous n’avez plus besoin d’accepter des relations qui vous détruisent.
Vous commencez à poser des limites parce que vous reconnaissez votre valeur.
Vous ne cherchez plus à tout contrôler pour garder les autres.
Vous ne confondez plus culpabilité et conviction : vous savez que Dieu ne vous écrase pas, mais qu’Il vous relève.
Là où l’amour humain a fait naître la peur, l’amour de Dieu vient peu à peu apaiser. La Bible dit que « l’amour parfait bannit la crainte » (1 Jean 4:18). Cela ne signifie pas que vous n’aurez plus jamais peur, mais que, progressivement, la peur de ne pas être aimé diminue, parce que votre sécurité repose sur la fidélité de Dieu.
Se laisser aimer : une démarche intérieure, pas une performance
Se rappeler que l’amour de Dieu ne se mérite pas est une chose. Se laisser aimer en est une autre.
Cela peut commencer très simplement :
Oser dire à Dieu :« Je n’arrive pas à croire que Tu m’aimes comme Tu le dis, mais je veux apprendre. »
Reconnaître devant Lui :« J’ai été blessé par des relations qui m’ont fait croire que je devais souffrir pour être aimé. »
Lui confier cette partie de vous qui se sent encore indigne, trop abîmée, trop compliquée.
Vous n’avez pas besoin d’être en forme pour cela. Vous n’avez pas besoin d’avoir tout réglé. Vous n’avez pas besoin d’être un·e chrétien·ne parfait·e.
Vous pouvez venir tel·le que vous êtes, avec votre fatigue, vos questions, vos contradictions.
Et répéter simplement :
« Seigneur, je n’ai plus la force de mériter quoi que ce soit. Apprends-moi à recevoir Ton amour. »
vous n’êtes pas ce que les autres ont fait de vous
Les blessures émotionnelles, les relations toxiques, la maltraitance, les humiliations, les rejets ont pu laisser une empreinte profonde en vous. Elles ont peut-être abîmé votre façon de voir l’amour, les autres, vous-même… et même Dieu.
Mais elles ne sont pas votre identité.
Aux yeux de Dieu, vous n’êtes pas :
la victime de votre histoire ;
le produit de vos erreurs ;
la somme de vos échecs ;
ni même la personne que les autres ont dit que vous étiez.
Vous êtes aimé, d’un amour qui ne fluctue pas, d’un amour qui ne se négocie pas, d’un amour qui ne se mérite pas.
Et si aujourd’hui vous ne faites qu’une seule chose, peut-être qu’elle pourrait ressembler à ceci :
Prenez un moment, et dites simplement à Dieu :
« Je ne veux plus passer ma vie à essayer de mériter Ton amour. Aide-moi à croire que Tu m’aimes déjà. »
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